Le blog de pascal cobert

 Christiane Taubira est une très grande ministre. Si, si.  Chaque jour, on nous invite avec insistance  à saluer son courage (immense)  et son talent (prodigieux). A côté d'elle, Robert Badinter n'a plus qu'à courber modestement l'échine. Elle a même été nommée "Femme de l'année" par le magazine Elle. C'est dire. Sauf que... Au risque de me répéter, mais le temps passe, en sa qualité de ministre de la Justice (c'est tout de même sa fonction !), l'idôle intouchable n'a strictement rien fait. Rien ou quasiment. Aucune réforme d'envergure en tout cas et l'institution judiciaire demeure scandaleusement le parent pauvre et délaissé du budget de la nation. Si ce n'est que la ministre de "gôche" envisage sérieusement une justice sans juge... Ce n'est pas nouveau, pour faire des économies, on déjudiciarise au maximum. Après les juges de proximité et les délégués du procureur qui ont remplacé les magistrats qui manquent, le gouvernement envisage de transferer aux greffiers la gestion des divorces par consentement mutuel. Ce n'est peut être qu'une réforme de transition. A l'avenir, j'imagine, on pourra divorcer au bar-tabac du coin entre deux chopines sous l'autorité avisée d'un cabaretier sympathique. Fort de cette expérience forcément positive, on pourra généraliser  le nouveau principe d'une justice enfin populaire et tout se jugera dans un bistrot de proximité. Et aura t'on encore besoin d'un ministère de la Justice ? Ben, non...

Encore une reculade.  Une de plus ! On se souvient, à la fin de son règne, Nicolas 1er avait fait préparer un décret en avril 2012 permettant aux politiciens de devenir avocat sans condition de diplôme ou de formation. Le barreau c'est plus classe et porteur que pôle emploi pour les déchus de la politique... Le PS, alors, avait conspué avec force ce tour de passe-passe permettant à n'importe qui de devenir avocat sans maîtriser les bases d'une profession soit disant de prestige mais qui nécessite à tout le moins des connaissances juridiques et procédurales. Et voilà que Madame Taubira annonce un nouveau décret ressemblant comme deux gouttes d'eau à celui qui était fortement conspué en y a ajoutant simplement un tout petit examen de déontologie. Demain donc, une Nadine Morano (par exemple) si elle sait dire qu'un avocat se doit d'être honnête et de respecter le secret professionnel pourra porter la robe ou un David Douillet  pourra troquer son kimono contre la noble toge. Les politiciens sont omniscients. Ils savent tout faire. Si, si. Aujourd'hui, Roselyne Bachelot se croit journaliste. Et si demain, au motif qu'elle fût pharmacienne et ministre de la santé, elle déboulait dans un bloc opératoire en s'affirmant chirugienne par équivalence qui dirait on ?

La presse a loué unanimement ou presque le jeu d'équilibriste qu'a mené François Hollande en Israël et en Palestine. Il a déclaré courageusement aux Palestinens qu'il fallait en finir avec la colonisation de leurs territoires par leurs voisins. Il a soufflé aux israéliens qu'un geste, un petit geste, était attendu.... Quel courage ! "Je suis votre ami et je le resterai toujours" a t-il souligné aux autorités de l'Etat juif soulignant ainsi que quoique fasse Israël, la France sera toujours à leurs côtés. Il n'en a pas dit autant à Ramallah...

Notre Président a donc apporté un soutien indéfectible et sans nuance et même éternel au premier ministre le plus à droite que ce pays a connu. Oubliant, bien évidemment, que ce pays viole sans cesse et depuis toujours toutes les résolutions de l'ONU qui le concernent. Oubliant que dans ce conflit, il y a un pays qui occupe illégalement un territoire qui n'est pas le sien et un peuple qui subit quotidiennement cette occupation armée.

On retiendra l'hommage du Président Israélien à son homologue français comparé à l'occasion à ... Guy Mollet. De la gauche molle à Mollet... Le pas a été franchi. Faut-il rappeler que Guy Mollet a conquis le PS d'alors, la SFIO, avec un discours de gauche pour mener une politique ressemblant beaucoup à celle de la droite ? Faut-il rappeler qu'en 1956, Guy Mollet a gagné les élections législatives en promettant la paix en Algérie alors que Président du conseil qu'il devaint a renforcé et accentué les combats armés contre le peuple algérien ? Faut-il rappeler que Guy Mollet s'est lancé avec la Grande Bretagne et Israël dans une guerre contre l'Egypte, bombardée, pour tenter d'empêcher le projet de nationalisation du canal de Suez par Nasser ? Faut-il rappeler que l'on soupçonne fortement Guy Mollet d'avoir confié à Israël les secrets de la bombe atomique ? Quel bel hommage que voilà ! Hollande le Guy Mollet du 21ème siècle...

La presse s'est emparée de la douloureuse affaire "Léonarda" devenue égérie involontaire de l'humanisme moderne. Chaque jour, on reconduit à la frontière des familles en situation irrégulière avec enfants plus ou moins  scolarisés. C'est triste, c'est parfois dramatique. Mais on n'très en parle pas ou peu dans les gazettes ou  dans la petite lucarne. Le fait qu'une collégienne ait été appréhendée lors d'une sortie scolaire a scandalisé les bonnes âmes. Soit.  Et les médias se sont emballés.A fond.  Léonarda est devenues une star ! Les caméras et les micros ont débarqué illico au Kosovo. Le scandale des coeurs en direct à l'écran. Du coup,  le sinistre de l'Intérieur a du écourter son voyage dans les Caraïbes. Le président de la république, plutôt taiseux sur les sujets essentiels du pays, s'est fendu d'une déclaration officielle. Pour dire que la loi a été respectée, certes, qu'il fallait sanctuariser l'école, d'accord, et que Léonarda, si elle le souhaitait, pouvait revenir en France poursuivre ses études. Léonarda, seule. Si, si. Pas ses frères et soeurs  puisque les médias n'ont nullement évoqué leur triste sort. Pas sa mère dont les journalistes n'ont pas dressé le portrait de sa tragique vie. Non, Léonarda, seule dont les journaux nous ont abreuvés à l'excès de son triste sort. Une fille dont on veux donc proposer un avenir en France séparée de ses frères et soeurs, ses parents, donc dans un foyer d'enfants abandonnés. Médiocre position imposée par la médiacratie.

On le sait, Christiane Taubira est la nouvelle égérie de la gauche bien pensante. Adoubée par les écolos, embrassée par Chti'Tine, applaudie par la gauche du PS, elle est intouchable et vénérée. Celle qui n'a strictement rien fait dans son ministère depuis près de 16 mois était donc l'invitée vedette de la rentrée sur le plateau de l'émission phare "Des paroles et des actes". Enfin des paroles et des... paroles ! La ministre de la Justice a démontré qu'elle était une véritable bête de scène. Elle vitupère, tempète, s'emporte, démontre qu'elle a du caractère et de la culture. Elle égrenne les citations d'auteur pour étaler sa culture comme la confiture. Un beau vernis. Mais sous le vernis, le néant !

Elle a été malheureusement incapable d'expliquer clairement en quoi consiste son projet de loi de réforme pénale. Qu'est-ce donc que la "contrainte pénale" ou "peine de probation" si ce n'est un bon vieux sursis avec mise à l'épreuve. Même si les questions n'ont pas toujours été pertinentes (c'est un euphémisme), elle n'a pas su expliquer dans quels cas cette nouvelle peine alternative à l'emprisonnement serait ou non appliquée. Elle n'a eu de cesse de répéter une vingtaine de fois que les sorties sèches de prison étaient un facteur de récidive (ce n'est pas faux) sans pour autant présenter une seule idée pour améliorer le système. D'évidence, elle ne maitrisait nullement son dossier. Mais, c'est une femme de conviction, nous dit-on.