Que vaut un complément s'il n'est accompagné d'un verbe et d'un sujet ? Pas grand chose... Et une femme isolée de son maître de mari ? On le sait, le projet de loi constitutionnelle en cours d'élaboration en Tunisie comporte un article ainsi libellé:
« L’Etat assure la protection des droits de la femme et de ses acquis, sous le principe de complémentarité avec l’homme au sein de la famille et en tant qu’associé à l’homme dans le développement de la patrie.
L’Etat garantit l’égalité des chances pour la femme dans toutes les responsabilités. L’Etat garantit la lutte contre les violences faites aux femmes. ».
La femme se voit donc garantir des droits mais sous l'angle du principe de complémentarité avec l'homme au sein de la famille. Bref, la femme est le complément, l'annexe, l'accessoire de l'homme... A première vue ce concept n'est pas d'avantage valorisant pour l'homme qui n'est pas un être complet puisqu'il lui faut un complément. Il lui manque un petit quelque chose... Bref, il n'est pas complètement fini ! Mais voilà avant tout revenue au premier plan l'ancestrale conception de la femme créée pour accompagner l'homme: jouet et matrice. L'idée de complémentarité implique l'idée selon laquelle l'homme et la femme n'ont pas les mêmes capacités ni les mêmes fonctions. Ils sont complémentaires l'un de l'autre, en réalité, l'une de l'autre. Une régression plus que inquiétante.
La Tunisie file un mauvais coton. Des spectacles annulés car soit disant peu conformes aux principes de la charia, des personnes battues pour ne pas respecter le jeûne du Ramadan, des blogueurs lourdement condamnés... Et le gouvernement d'annoncer fièrement l'arrivée prochaine de MacDonalds dans le pays. Ce n'est pas une bonne nouvelle, non plus.