Nordine Bakounine poursuit sa chronique du sexisme ordinaire:
Les statistiques du ministère de l’intérieur nous disent qu’en 2008, 156 femmes ont été tuées par leur conjoint, pacsé, concubin, ex-concubin. Ce qu’on appelle les violences conjugales puisque, pour la loi actuelle, toute homme ayant des relations avec une femme est susceptible, s’il y a des coups, d’entrer dans la catégorie violences conjugales. Grosso modo, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups d’un homme dans ce cadre. Le ministère nous avertit dans la foulée qu’un homme meurt de la même façon tous les quatorze jours.
Bien entendu, nous sommes très respectueux et, jamais, ô grand jamais, nous ne douterions de ces statistiques : nous sommes sûrs qu’il n’y a là dedans aucune atteinte à la présomption d’innocence et qu’en février 2010, on est capable, au ministère de l’intérieur, d’être sûr que ces 156 femmes mortes en 2008 ont été tuées par leur compagnon. En moins de quatorze mois, pour celles mortes fin 2008, l’enquête et l’instruction criminelles ont été bouclées à tel point qu’il est certain que la condamnation aux assises ne fait aucun doute. Bravo…
Ceci dit, un homme tué tous les 14 jours, ce n’est pas négligeable tout de même. Nous sommes donc très étonnés : dans les journaux de ce jeudi et de ce vendredi, à propos de la loi votée par la droite et la gauche sur les « violences psychologiques au sein du couple », chaque journaliste parle exclusivement de violences faites aux femmes.
Soyons objectifs, on parle des hommes tout de même car des associations de femmes, nous apprend le journal le Monde (26 février, page 8) craignent que les "hommes violents se défendent en accusant désormais leurs compagnes de violences psychologiques". Vous vous rendez compte ! Des hommes qui demanderaient aussi à bénéficier de la protection de la loi! Quelle horreur !
L’excuse de provocation, les coups réciproques, la légitime défense ; comment empêcher les hommes de se servir de ces notions pourtant classiques en justice en cas de bagarre non conjugale ? Telle est l’angoissante question posée par celles et ceux qui ne conçoivent les femmes que comme victimes.
Nordine Bakounine