"Avez-vous pensé à indemniser la victime ?". Classiquement le magistrat qui préside l'audience correctionnelle pose cette rituelle question et gare à celui qui a oublié... Jacques Chirac, lui, y a pensé. Alors qu'il doit (enfin !) comparaître devant ses juges pour une vieille affaire d'emplois fictifs (présumés...) au préjudice de la Ville de Paris à l'époque dont il en était le Maire, l'on apprend qu'après un repas avec le roitelet, l'UMP va régler en grande partie l'ardoise et Chichi, qui dit-on n'a jamais de sa vie payer quoique ce soit de sa poche, va cracher au bassinet. Sous réserve d'un vote du conseil municipal, le Maire de Paris, Bertrand Delannoë, accepte l'arrangement. "Trahison, collusion, tous pourris" clament certains et les Verts en tête. La nouvelle égérie écolo, pré-désignée pour les élections présidentielles (en attendant le programme et la stratégie, ils ont une candidate...) Eva Joly condamne fermement la "magouille". Celle qui déniche de la corruption sous tous les tapis et qui s'amuse à rappeler qu'elle connaît bien Dominique Strauss-Khan pour l'avoir mis en examen s'exclame "C'est une faute politique !" Et, elle ne mâche pas ses mots lorsqu'elle rend sa sentence: "mépris de la justice", "détournement de fonds", la ville de Paris accusée de "recel d'abus de confiance" et annonce "le déséquilibre au procès". Elle estime que les cotisations des membres de l'UMP sont détournées et qu'en acceptant d'être indemnisée de la sorte, la Ville de Paris se rend complice de la magouille pour accorder à Chirac un procès truqué... Ciel ! L'ancienne Juge impitoyable bafoue allégrement quelques principes de base. Passons sur la présomption d'innocence dont ne bénéficie guère "super voyou" dont elle craint qu'il ne soit condamné. Passons sur cette atteinte à la notion d'indépendance de la justice accusée a priori de faiblesse. Qui peut croire qu'un procès sans partie civile empêche la fermeté du juge ? Quoiqu'en dise Madame Joly, la Ville de Paris agit dans le strict respect du droit et de la légalité et veille aux intérêts de ses administrés. Et l'UMP fait ce qu'il veut de son argent et ce d'autant que les "employés fictifs" travaillaient dans l'intérêt du parti et de ses chefs: il appartient aux cotisants de valider ou non les comptes de gestion de l'UMP et non à Madame Joly de s'en faire la juge qu'elle n'est plus. Mais la nouvelle "Ecojoliste" doit être convaincue que jamais au grand jamais le parti des Verts n'a réglé les frais de justice de ses élus poursuivis devant le tribunaux ou payé les dommages et intérêts mis à la charge de certains de ses militants. Elle risque d'avoir quelques surprises...