J'ai prononcé, hier, mon traditionnel discours des voeux à la Maison de Quartier de Wazemmes.
"Je déclare ouverte la 19ème cérémonie des voeux de la Maison de Quartier de Wazemmes et vous souhaite malgré tout à toutes et à tous une excellente année 2015. Malgré tout.. Cette nouvelle année a débuté dans l'horreur. Ici et ailleurs. A Paris, des fanatiques ont tué des femmes et des hommes, des artistes parce que artiste, des policiers parce que policier et des juifs parce que juif. En Arabie Saoudite, un blogueur a été condamné à 1000 coups de fouet, au Nigéria on massacre des jeunes filles, en Syrie, on les vend sur les marchés. Nous ne pouvons pas nous accomoder de ces horreurs. Nous ne pouvons les ignorer.
Cette année, l'ONU va fêter ses 70 ans. Mais, l'ONU n'existe plus. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les pays vainqueurs du nazisme affirmèrent que le racisme, la volonté d'hégémonie d'une race qui s'estime supérieure, conduit au génocide et aux ravages de la guerre. Le préambule de la Charte des Nations Unies soulignait "Nous, peuples des Nations Unies résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l'espace d'une vie humaine a infligé à l'humanité d'indicibles souffrances, à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites,..."
Il s'en est suivi en 1948, la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme qui avait vocation à s'appliquer sans restriction aucune sur toute la planéte.
Mais, les diplomates ne s'attachent plus au respect des droits universels. Au nom du particularisme culturel. Les droits et libertés sont désormais à géométrie variable. Chaque Etat peut agir à sa guise selon sa culture et ses traditions.
En France, aussi, au nom du relativisme culturel, nous avons lâché sur nos valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité et de laïcité. A force de valoriser les différences, on a oublié les valeurs fondatrices de notre République.
Non, toutes les idées ne se valent pas.
On ne doit pas composer avec les droits universellement reconnus.
Il faut, aussi, en finir avec le discours de l'excuse et du déterminisme sociaI.
Il n'y a rien de plus injurieux que de stigmatiser ce que l'on appelle avec dédain "les jeunes de quartier" promis à la délinquance et au fanatisme parce que victimes d'une politique qui les abandonne.
C'est faire injure à celles et ceux qui vivent dans ces quartiers assurément difficiles mais qui réussissent et surtout portent haut et fort les valeurs de la République. Et ils sont largement majoritaires. Mais, on ne parle quasiment jamais d'eux.
C'est faire injure à Lassana Bathily, le héros de Vincennes qui a sauvé des otages et à Ahmed Merabet, le policier assassiné, qui n'ont pas été élevés dans les beaux quartiers.
Bien sûr, il faut casser les ghettos, lutter contre la précarité, l'isolement, le repli sur soi.
Bien sûr, il faurt une véritable politique dela Ville qui en finsse avec cette fracture sociale insupportable.
Bien sûr, il faut que l'Ecole retrouve toute sa place sur tous les territoires de la République et que tous les territoires, sans exception, redeviennent républicains.
Bien sûr, il faut réparer l'ascenseur socaial qui est en panne depuis trop longtemps.
Et, la Maison de Quartier de Wazemmes prendra toute sa place dans ce combat.
Mais, nous devons aussi être intransigeants.
Il n'existe pas de religion supérieure à une autre.
Le croyant n'est pas supérieur au non croyant.
L'humanité est une et indivisible.
L'impertinence, l'irrévérence et l'insolence resteront notre mode d'expression.
Cette année mes voeux ne sont pas d'artifice.
Je vous souhaite malgré tout une excellente année 2015 !"
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