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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 09:20
François Hollande entend donc respecter un de ses engagements de campagne. Si, si... Il avait promis une réforme de notre Constitution afin d'y supprimer la notion de "race". C'est que l'article 2 de la Constitution de 1958 est ainsi rédigé:
 
"La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances"
     
Et alors ? Depuis de nombreuses années de nobles penseurs dénoncent une affirmation qui fonde le racisme. Si la loi fondamentale interdit que l'on distingue selon la race c'est reconnaître qu'il y a effectivement des races. Or, cette construction ne repose sur aucun fondement scientifique. Bref, dire qu'il y a des races c'est déjà être raciste... Donc, le mot "race" devrait être supprimé du vocabulaire constitutionnel. Bien évidemment cela ne changera strictement rien dans la vie quotidienne des personnes victimes de discriminations raciales. A moins que là aussi on supprime le mot... Si il n'y a pas de race, il n'y a pas de racisme ? Et plus d'antiracisme...
 
L'expression "sans distinction de race" n'a pas été inventée de toute pièce par le législateur français. Elle figure dans la charte de l'Organisation des Nations Unies et dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Les fondateurs de l'ONU estimaient que la seconde guerre mondiale avait pour origine la notion d'inégalité des races et qu'il fallait pour bâtir la paix dénoncer ce concept et lutter d'arrache-pied contre le racisme. En préambule de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, il ainsi rappelé:
  
"Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité et que l'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l'homme."
 
 
C'est pourquoi, l'article 2 de la Déclaration Universelle énonce:

 

"Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation"

 
Ce concept de "sans distinction de race" a donc un sens dans notre Histoire. Je ne suis pas spécialement convaincu qu'il faille donc supprimer le mot maudit de notre Constitution.
 
 PS: Pour être constructif (c'est rare), je propose de modifier l'article 2 de la Constitution en gardant le mot race mais en l'encadrant de guillemets 
 
 
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16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 10:31

On peut lire dans la presse aujourd'hui "La Cour d'Appel de Paris a confirmé hier la condamnation d'un blogueur ayant propagé des rumeurs sur Martine Aubry. En 2011, un retraité avait posté un texte qui affirmait que le maire de Lille était alcoolique, lesbienne et proche des milieux islamiste".

 

On imagine donc que le blogeur avait relevé appel d'un jugement l'ayant sérieusement condamné et que l'honneur de Chti'Tine est sauf puisque la décision a été purement et simplement confirmée par la Cour d'Appel. Sauf que...

 

Martine Aubry et Jean-Louis Brochen avaient poursuivi en diffamation et atteinte à la vie privée un blogueur strasbourgeois qui colportait les fumeuses rumeurs concernant Titine décrite comme étant tout simplement alcoolique, islamiste et homosexuelle. La célèbre 17éme chambre du TGI de Paris avait rendu jugement étonnant: Pour les magistrats, il n'y a pas eu de diffamation. "L'alcoolisme est considéré comme une maladie" notaient les juges et dès lors les propos "relatifs à un état pathologique ne sont pas diffamatoires". L'auteur poursuivi affirmait que la Maire de Lille avait subi plusieurs cures de désintoxication. Les insinuations ne portent pas atteinte à l'honneur ou à la réputation... De même, les accusations portées contre le mari de Titine, sa connivence avec les islamistes,"ne sont pas diffamatoires à son encontre, mais sont l'expression d'un jugement de valeur". Le Tribunal avait seulement retenu une atteinte à la vie privée pour l'évocation de l'homosexualité de la Maire de Lille. Résultat ? 1 € de dommages et intérêts... Martine Aubry avait donc relevé appel.

 

C'est donc ce jugement qui aurait été confirmé par la Cour d'Appel de Paris. La Voix du Nord titre "Rumeurs sur Martine Aubry : condamnation confirmée en appel pour un blogueur". Mais, en réalité, Chti'Tine a perdu en appel. Le blogeur a vu ses relaxes maintenues en cause d'appel. La Cour, non plus, n'a pas considéré que Chti'Tine avait été diffamée.

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14 septembre 2012 5 14 /09 /septembre /2012 16:27

Je racontais ici même l'histoire d'une professeure légèrement condamnée pour avoir imposé des relations sexuelles à un gamin de 12 ans. Une lectrice attentive m'a demandé "Mais pourquoi donc n'a t'elle pas comparu devant une Cour d'Assises pour répondre du crime de viol ?" Excellente question ! En effet, un homme à qui l'on reproche les mêmes faits est (normalement) poursuivi pour viol. Et une femme ? Elle ne peut quasiment jamais se voir reprocher un tel crime. La raison ? La définition même du viol dans le code pénal. C'est que dans notre législation, le viol se définit comme:

 

 "Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte ou surprise".

 

En conséquence, si la victime n'est pas pénétrée, il n'y a pas de viol mais simplement  d'agression sexuelle. Un exemple ? Un homme impose, sous la menace d'une arme, qu'une femme lui pratique une fellation. Juridiquement, il y a viol, puisque la victime subie une pénétration buccale. Par contre, si une femme, dans les mêmes conditions, impose un cunilingus. Il y a pas viol puisque l'homme  victime n'est pas pénétré. On peut même imaginer une fellation contrainte par une femme à un homme qui n'en veut guère (j'ai bien dit, on peut imaginer). Pour les mêmes raisons, il n'y a pas crime mais simplement un délit. Donc les mêmes faits revêtent une qualification différente selon que l'on soit un homme ou une femme. Est-ce bien raisonnable à l'heure de l'égalité des droits ? (En réalité, excusez les détails scabreux, en vertu de la loi actuelle, l'homme ne peut être violé par une femme qu'en cas d'intromission anale, un doigt ou une carotte, peu importe... Convenons que l'hypothèse est peu courante.)  

 

Au nom de la loi, il n'y a pas de violeuse, il n'y a que des violeurs. Concrètement, pour des actes de même nature, on reprochera à l'homme un crime et à la femme un délit. La femme risque 5 années d'emprisonnement et l'homme encourt 15 ans de réclusion criminelle. Bref, une nouvelle définition du crime de viol me semble absolument nécessaire.

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3 août 2012 5 03 /08 /août /2012 15:53

"Etre ou ne pas être" n'est pas la question que l'on se pose au pays de la botte. Mais, "en avoir ou pas ?" tourmente d'évidence la gente transalpine. Les médias nous racontent cette histoire judiciaire croquignolesque qui a amené la cour suprême italienne à se pencher sur cette question juridique de premier ordre: accuser un  homme de ne pas avoir de couilles est-il punissable ? La réponse est: Si ! Le litige opposait un avocat à son cousin, juge de paix, qui en pleine audience avait donc publiquement asséné cette insulte rédhibitoire. Le juge outragé avait alors poursuivi le baveux pour voir laver son honneur: la cour de cassation vient de lui donner raison. La Cour relève la "vulgarité" de l'expression mais aussi qu'elle suppose "non seulement un manque de virilité de la personne visée mais aussi une faiblesse de caractère, un manque de détermination, de compétence et de cohérence, autant de vertus, qui, à tort ou à raison sont identifiées comme appartenant au genre masculin". A tort ou à raison ! Ouf, la cour n'est pas complètement machiste... Bon. Clairement, les mêmes faits auraient produit les mêmes effets en France où nul avocat ne s'avise de douter de la virilité du juge devant qui il plaide sous peine de poursuites judiciaires et de sanctions ordinales. Mais l'injure vaut également en dehors des prétoires. Petit conseil  de discrétion donc à Chti'Tine qui aime à plaisanter sur la mollesse des attributs du président de la république...

 

 

 

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 12:54

Cécile Duflot a oublié quelques secondes qu'elle était ministre pour rappeler à la radio qu'elle était toujours favorable à la "dépénalisation du cannabis". Faute de communication sans aucun doute et tous se gaussent de l'imprudence de la jeune ministre du logement qui n'aurait pas du répondre à l'insidieuse question qu'un journaliste farceur lui a posée. A droite, on jubile. Enfin un sujet sérieux et clivant ! Même Rachida Dati feint l'indignation en affirmant que cette proposition ne peut qu'inciter à la consommation des produits illicites notamment chez les jeunes. Mais tout cela n'est qu'un écran de fumée. La Verte a usé du terme "dépénalisation" et non "légalisation". En clair ? Une position légèrement hypocrite: On ne dit pas que la consommation est légale et licite mais qu'elle ne sera pas sanctionnée et du coup on ne change pas grand chose à la situation actuelle pourtant préoccupante et dont tout le monde en politique se moque. La lutte contre la toxicomanie a disparu des préoccupations majeures de nos élus qu'il s'agisse des drogues dites douces ou dures. Hypocrisie surtout puisque en réalité, depuis de nombreuses années, le phénomène étant tellement généralisé (on parle d'un jeune sur deux fumant de l'herbe aphrodisiaque)  les poursuites pénales ne sont plus lancées. Une tolérance s'est instaurée. Les Procureurs de la République n'engagent plus de procédure pénale contre les consommateurs de drogues à l'exception de quelques tribunaux qui n'ont pas grand chose à se mettre sous la dent et qui veulent éviter une fermeture de leurs Palais déserts. Même en dessous d'une certaine quantité, quelques grammes, la détention de produits stupéfiants ne dérange plus les procureurs. Et cette politique pénale a été mise en oeuvre non pas par les hurluberlus Verts mais par l'UMP ! En réalité, la "dépénalisation" est la politique déjà mise en oeuvre depuis bon nombre d'années par la droite au pouvoir, mais sans le dire, bien évidemment, et avec le succès que l'on connaît ! Bref, la dépénalisation que prône Cécile Duflot et qui choque à droite et à gauche n'est que la politique pénale que mène la droite depuis de nombreuses années. Martine Aubry avait adopté la même position lors du débat des primaires socialistes. Le Maire de Dijon, François Rebsamen, avait étonné lorsqu'il avait plaidé pour  condamner  l'usage des stupéfiants par une simple contravention. Il avait été qualifié par la droite de furieux laxiste. Sauf que les tribunaux de police sont en capacité de gérer des centaines de milliers de contraventions (la procédure est simple et rapide) mais on ne peut faire comparaître  tous les fumeurs d'herbes riantes devant les  juridictions correctionnelles débordées par des affaires plus sérieuses et complexes. Si le Maire de Dijon était entendu, nous en finirions avec la dépénalisation de fait. Il ne l'est pas et donc le "laxisme" instauré par la droite et reproché d'avance à la gauche continuera.Mais l'essentiel est d'éviter le vrai débat. Non ?

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4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 14:06

img123.jpgLes commentaires outragés vont bon train depuis l'annonce de l'annulation de loi réprimant le harcèlement sexuel par le Conseil Constitutionnel. Il ne s'agit pourtant pas d'une décision politique ou amorale ! Les sages ont constaté que la loi telle qu'elle était rédigée n'était pas sérieusement applicable, ce que tous les juristes savaient et il invite le législateur à faire correctement son travail: il faut préciser ce qui est blâmable et non condamner sans limite en abandonnant aux juges le soin de fixer selon sa conscience les limites de l'acceptable avec toutes les dérives et incertitudes que cela suppose.

 

Le Conseil Constitutionnel rappelle ce principe élémentaire: le législateur a "l'obligation de fixer lui-même le champ d'application de la loi pénale et de définir les crimes et délits en termes suffisamment clairs et précis". Or, si dans ses premières rédactions, la loi apportait quelques précisions sur la définition du harcèlement sexuel, à force d'amendements et de modifications, le texte se réduisait à cette expression laconique "Le fait de harceler autrui dans le but d'obtenir des faveurs de nature sexuelle est puni d'1 an de prison et de 15.000 € d'amende". Du coup, la question se posait de savoir ce qui relève du "harcèlement" ou pas. Et faute de définition, de nombreux faits qui auraient du être poursuivis ne l'étaient pas et parfois un simple séducteur maladroit mais courtois se retrouvait devoir à se justifier devant les juges. Bref, la tentative de séduction, la drague amusante ou celle un peu lourdingue voire outrancière pouvaient être interprétées en fonction de la moralité du juge ou de son humeur comme relevant ou pas de la loi pénale. Le Conseil Constitutionnel interpellé sur cette difficulté devait trancher cette problématique et en toute logique juridique a déclaré que l'article 222-33 du code pénal était d'évidence contraire à la constitution. Des organisations féministes formulaient cette revendication qui aboutira à ce que les auteurs de tels faits bien évidemment inacceptables puissent être condamnés par les tribunaux.

 

Ce qui étonne et provoque des réactions multiples et variées c'est que le Conseil Constitutionnel a donné à sa décision une application immédiate; ce qui est pourtant logique. Si une loi est anti-constitutionnelle, on ne peut sérieusement accepter qu'elle continue à s'appliquer durant un certain temps. (Je sais dans certaines hypothèses récentes les sages ont fixé un délai afin que la loi puisse être modifiée). Du coup, il est vrai, toutes les personnes inquiétées pour des faits supposés de harcèlement sexuel échappent à toutes poursuites et tous les faits commis jusqu'à ce que le législateur adopte un nouveau texte ne pourront être condamnés. Et comme les parlementaires sont en vacances et que les assemblées ne se réuniront pas avant l'été, on pourrait craindre le retour du droit de cuissage. La faute n'en revient pas cependant aux membres du Conseil Constitutionnel mais aux parlementaires infoutus de concocter une loi compréhensible.

 

Faut-il craindre véritablement un déferlement de harceleurs salaces se jeter sur nos filles et nos compagnes ? Bien sûr que non ! Peu de gens étaient poursuivis du chef de cette infraction mal ficelée qui vient donc de disparaître. Mais les faits d'exhibition sexuelle, d'agression sexuelle, d'atteinte sexuelle, de viol, de harcèlement moral et de violences et autres, sans oublier les tentatives,  sont toujours réprimés par la loi. Le code du travail qui souffre de la même imprécision interdit toujours le harcèlement sexuel au sein de l'entreprise.

 

La décision prise par le Conseil Constitutionnel n'est nullement condamnable et il n'y pas lieu de se scandaliser. Que le droit progresse et ce sera justice !

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 14:41

On s'amuse dans les commentaires du bref moment de flottement du candidat François Hollande interpellé par le candidat presque sorti sur le sort des centres de rétention. Le plus gros menteur de la soirée affirmait que le socialiste s'était engagé à fermer le centres de rétention administrative, là où l'on place les étrangers indésirés en attente d'un éventuel retour. Pour finir, François Hollande a démenti une telle perspective mais a souligné que la rétention devait être l'exception et qu'elle devait être évitée pour les enfants. Rien à redire à cet engagement louable. J'entends pourtant quelques militants s'offusquer de ce que le candidat de gauche n'entende pas fermer les centres de rétention. J'en profite pour rappeler que c'est la gauche qui a créé, sous François Mitterrand, de tels centres. Et pourquoi ? Parce que jusqu'alors, les étrangers en retour forcé étaient parqués dans des locaux officieux par la police sans le moindre encadrement juridique. Il fallait mettre fin à ces abus: des étrangers incarcérés dans des anciens commissariats, sans limite de durée, sans le moindre droit, ni recours, subissant des maltraitances cachées de tous. Bref, la création des centres de rétention a été un acte fort pour que les étrangers expulsés ou reconduits puissent bénéficier d'un minimum de droits. La gauche les a créés pour mettre fin aux scandales pratiques de la droite en la matière.

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6 avril 2012 5 06 /04 /avril /2012 14:12

Ambiance fin de règne. En dépit d'un avis défavorable du pourtant timide Conseil National des Barreaux on a pu lire dans le Journal Officiel ce décret daté du 3 avril:

 

 "Art. 97-1. - Les personnes justifiant de huit ans au moins d'exercice de responsabilités publiques les faisant directement participer à l'élaboration de la loi sont dispensées de la formation théorique et pratique et du certificat d'aptitude à la profession d'avocat."

 

Qu'est ce que cela veut dire ? Tout simplement que députés, sénateurs, ministres et tous les collaborateurs de ces illustres personnages pourront du jour au lendemain, sans la moindre préparation et formation, ni le moindre contrôle des connaissances, exercer la profession d'avocat. Certes, il faut bien recycler tous ceux qui seront chassés des Palais dorés de la République à l'issue des élections, mais pourquoi donc les recaser dans la belle profession d'avocat ? Pourquoi pas médecin, chirurgien, ou pilote d'avion ? Ou chanteur d'opéra, chef d'orchestre ... Certes, nous le savons, nous ne les verrons pas dans les prétoires défendre les orphelines. Ils vont vendre leur carnet d'adresse à des cabinet d'affairistes. Comme le bon Jean-François Copé qui pour une demie journée par semaine percevait pas moins de 30.000 € pour quelques conseils et deux ou trois coups de fil dans un gros cabinet d'avocat. Bref, ils ne sont pas des défenseurs mais des lobbyistes. Et le titre d'avocat leur permet d'échapper à des poursuites pour d'éventuels conflits d'intérêt. Avocat, ce n'est plus un métier ou une vocation, c'est une protection ! Nous aurons donc des "avocats" qui ne connaissent rien du fonctionnement de la justice et des procédures mais qui interviendront pour mettre en relation des personnages importants qui transigeront ou feront pression pour faire passer décrets et lois favorables à leurs clients. Bref, ce ne seront pas des avocats même si ils en porteront le titre. Certains feront peut être le boulot. Et on entendra une Nadine Morano plaider avec délicatesse: "Quooooi !!! Qu'est-ce qu'il a dit le Proc ? Ca va pas, non ! Eh, Vot' Honneur, faut pas écouter c'connard !". Avocat ? C'était un beau métier...

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31 mars 2012 6 31 /03 /mars /2012 18:10

La presse forcément unanime se fait l'écho avec bonheur et admiration  de l'arrêt rendu par la Cour d'Assises de Douai acquittant une femme ayant égorgé son mari au motif que ce dernier s'avérait violent depuis des années. Une première, clament en choeur les journalistes. Si la Cour a retenu la légitime défense pour innocenter la malheureuse, ce n'est certainement pas une "première". Sauf, si le jury a élargi quelque peu la notion... La riposte a t-elle été proportionnelle à l'attaque ? Pas certain... Certes l'homme a fait preuve de violences inacceptables mais apparemment, même s'il a étranglé son épouse dans la dispute, c'est après une claque que celle-ci a saisi un couteau pour l'enfoncer dans la gorge de son agresseur. Une plaie profonde de plus de 13 centimètres...

 

Bref. ce qui m'interroge le plus, c'est que l'innocentée du crime de meurtre a tout de même été condamnée pour avoir, avec son père, maquillé la scène du crime en posant un couteau à proximité du corps de la victime pour mieux convaincre les enquéteurs de la légitime défense alors que l'homme n'était nullement armé.

 

Comment peut on être condamné pour avoir maquillé la scène d'un crime qui n'a pas été commis ? Etonnant, non ?

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 17:03

La Cour d'Assises de Douai a acquitté, sous les applaudissements, une femme accusée du meurtre de son mari. C'est une victoire pour les femmes et la lutte contre les violences faites aux femmes, nous explique t-on dans les journaux. Une décision qui pourrait bien faire jurisprudence, comme on dit d'ordinaire dans les chroniques judiciaires. Nous sommes invités à nous réjouir de cette décision. Je m'interroge. Je ne connais pas plus que les autres commentateurs les détails de cette affaire. La prudence s'impose. Il est tout de même surprenant que l'accusation représentée par le très médiatique Luc Frémiot, grand défenseur de la cause des femmes devant l'éternel, ait invité la Cour à innocenter l'accusée. "Acquittez là !" a t'il lancé au jury avec l'autorité d'un Dupond Moretti. "Vous n'avez rien à faire dans une salle d'audience" a t'il déclaré à l'adresse de la présumée meurtrière, ajoutant même "Je suis à ses côtés". Peu habituel dans la bouche du Ministère Public. Certes, il arrive qu'un parquetier requiert un acquittement même si ses collègues et sa hiérarchie avaient conclu à la culpabilité. Mais dans ce cas, le propos est mesuré, calculé, millimétré. Le magistrat exprime des doutes, fournit une analyse juridique fouillée, pèse le pour et le contre avant de souligner qu'au bout du compte il ne dispose pas des éléments nécessaires à la démonstration indiscutable de la culpabilité. Ici, si on en croit la presse, le magistrat a servi un discours engagé quasi militant. On peut lire dans la Voix du Nord cette présentation théâtrale du magistrat "Il descendait dans le prétoire comme un lion dans l'arène. Félin et royal. Vêtu de sa robe rouge, il s'approchait de l'accusée sans jamais l'attaquer. Il la protégeait, comme personne ne l'avait probablement fait jusqu'à présent".

 

Et les faits dans tout cela, comme on lit régulièrement dans les colonnes de Nord Eclair ? La presse donne peu de précisions. La Voix du Nord, sous la plume de Farida Chadri,  apportait cette précision au début du procès: "« Il s'est emporté, poursuit-elle d'une voix à peine audible. Il a cherché un couteau dans l'évier. Il ne l'a pas trouvé et il s'est jeté sur moi. » Il l'étrangle, ils échangent des coups, elle reçoit une forte claque. « J'ai pris le couteau. Il était sur la table. » Le coup est porté à la gorge. Marcelino Guillemin se raidit et s'effondre. Paniquée, elle monte à l'étage, et informe le jeune Mehdi de ce qu'elle vient de faire. Elle appelle son père. Celui-ci arrive sur les lieux et maquille la scène en posant un couteau près du corps de Marcelino Guillemin : « Dans ma tête, mettre un couteau ça passerait mieux pour la légitime défense », relate Marc Lange, qui comparaît au côté de sa fille pour ce délit."

 

L'enquête révélera la supercherie. La femme expliquera que son mari était d'une violence quotidienne insupportable et qu'elle a vécu un enfer avec ce bourreau durant 11 ans sans que quiconque ne lui vienne en aide. Même la police a fermé les yeux. Le soir du crime, l'homme ne porte aucune arme. Il tente de l'étrangler, dit-elle et pour sa défendre, elle le tue. On peut comprendre, compatir et excuser. Peut-on pour autant retenir la légitime défense qui suppose une réponse proportionnelle à l'attaque ? La peur ne peut justifier l'acte homicide. Quand une personne cambriolée tire et tue un voleur nuitamment introduit à son domicile, on ne lui reconnaît pas la légitime défense même si l'auteur du coup de feu était terrifié. On le déclare coupable et à raison des circonstances, on lui inflige une peine symbolique.  

 

Dans ce dossier, tous les magistrats qui s'y sont penchés, ont considéré que la thèse de la légitime défense était intenable, jusqu'à l'audience. La décision est sans doute définitive puisque ni l'accusée blanchie ni le parquet qui a assuré sa défense ne relèveront appel. D'évidence, la pauvre femme ne méritait pas la prison (elle a tout de même subi 17 mois de détention provisoire). Mais une déclaration solenelle d'innocence, on devrait pouvoir en discuter, sans être soupçonné de machisme et de mysoginie. Il ne faudrait pas que cette décision spectaculaire soit considérée comme la délivrance d'une sorte de permis de tuer.

 

 

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