Fort heureusement, fort peu de monde prend la peine de lire les volumineux rapports d'institutions diverses et variées qui ne doivent leur existence qu'à ce genre de publication rébarbative comme le dernier rapport officiel de la Défenseure des Enfants. Dernier, parce que cette institution doit disparaître d'ici quelques semaines. Et à la lecture de ce document, on n'aura pas trop de peine. Bon, bien évidemment je ne l'ai pas lu. Mais un magistrat bienveillant m'en a remis les bonnes feuilles.
Ainsi donc découvre t-on à la page 141 de ce rapport consacré au thème "Précarité et protection de l'enfant" le pensum d'une magistrate qui préside le Tribunal pour Enfants de Lille laquelle a en charge le difficile secteur de Roubaix, la ville la plus pauvre de France. Je vous en livre de courts extraits. Attention ce n'est pas du Zola ni du Victor Hugo ! Non, il s'agit du constat objectif d'une magistrate engagée.
"Beaucoup de familles que je reçois sont d'origine flamande, nombreuses (de 4 à 10 enfants) ou monoparentales. Pas mal vivent en moyenne avec 3 € par jour. La pauvreté laisse des traces visibles sur le corps. J'ai mis du temps à me rendre compte que les vêtements tachés ou troués ne sont pas une question de propreté mais d'absence de vêtements de rechange. Je suis de Marseille; quand je suis arrivée à Roubaix, je trouvais tous les enfants malades à cause de leur terrible pâleur. J'ai mis du temps à comprendre qu'à Marseille tout le monde est bronzé, riches ou pauvres, mais que dans le Nord les enfants bronzés sont les enfats riches parce qu'ils vont en vacances à la mer ou à la montagne ou qu'ils ont un jardin"
Madame la Juge, avec le respect que je vous dois, vous m'intriguez. Voyez-vous, j'ai rarement rencontré un Roubaisien se déclarant "d'origine flamande". Cette ville rassemble plus de 8O nationalités venues de tous horizons. Vous avez mis du temps, dites-vous, à comprendre qu'à Roubaix les enfants bronzés sont riches et que les blancs vivent dans la misère... Certes, le soleil se fait plus rare dans notre Région qu'à Marseille, mais, dans les rues de Roubaix l'ont croise beaucoup de petits bronzés miséreux et des blancs plutôt nantis... Ce n'est pas tout. Lisons la suite. A côté, la banderole anti-Ch'tis c'est de la gnognote.
"Je me suis vite rendu compte que je rencontrais chaque jour une fratrie orpheline soit du père, soit de la mère ou parfois des deux. Les parents meurent entre 20 et 40 ans (accident du travail, de la route, suicide, noyade, assassinat, overdose, toutes maladies confondues)."
Ainsi donc à Roubaix, l'espérance de vie ne dépasse pas 4O ans !!! Vraiment, on nous cache tout. Et à Roubaix, la mort guette sournoisement à tous les coins de rue. Accident du travail (ah, bon y'a du travail ?) et on repêche chaque jour un cadavre dans un sinistre canal à moins que cela soit dans la fameuse Piscine (Euh, non, c'est un musée...). Je passe sur les suicides et les overdoses: que du banal dans cette ville. Ah, les moeurs roubaisiennes !!! Et le Maire qui ne fait rien... Quel scandale !
Oui, Madame la Juge vous m'intriguez avec cette vision très particulière. Mais à Marseille, d'où vous venez, on exagère toujours un peu-beaucoup, non ? Et ce qui m'inquiète d'avantage, c'est que cette "expertise" se retrouve dans un rapport officiel.