Bien sûr la honte doit changer de camp. Qu'on se le dise: bien évidemment tout violeur doit se voir infliger un châtiment à la hauteur de l'atrocité de son crime. Qui est contre, d'ailleurs ? Je n'ai jamais entendu qui que ce soit plaider en faveur de la dépénalisation du viol ou une atténuation des sanctions. Qui donc, aujourd'hui, (le discours valait, il y à 30 ans) considère que la victime l'a bien cherché et que sa tenue vestimentaire sexy relève de la provocation au viol ? Quasiment plus personne et c'est heureux. Et incontestablement, dans les tribunaux la victime est considérée avant tout et uniquement comme une victime qui doit être soutenue et encouragée dans son parcours de reconstruction. Alors ? Alors, je ressens un grand malaise face à cette grande campagne dite de sensibilisation sur le thème "la honte doit changer de camp" qui laisse à penser que tout le monde se fiche des femmes victimes de viol et que le violeur reste impuni.
On nous explique ainsi que chaque année en France, plus de 198.000 femmes sont victimes de viols et de tentatives de viol et que plus de 75.000 sont effectivement violées. Une femme sur 10, nous dit-on, a été ou sera violée dans sa vie et dans 80 % des cas son agresseur n'est pas un inconnu puisqu'il se trouve dans son entourage. Suivez mon regard... Tous des violeurs en puissance ! Et ajoute t-on seulement 2% des violeurs sont effectivement condamnés. Mais dans quel pays vit on ??? 98 % des violeurs ne sont donc pas inquiétés et peuvent en toute impunité continuer de se jeter sur leurs proies. L'horreur !
Des chiffres invraisemblables. Et ce n'est pas nouveau.
Il y a un peu plus de 20 ans, une association féministe organisait à Lille une réunion à laquelle assistait une dizaine d'hommes. L'oratrice expliquait que selon les enquêtes les plus sérieuses 10 % des hommes étaient des violeurs pour ajouter "Donc, il y en a un dans la salle !". Offusqué par tant de bêtise mon confrère Jean-Louis Brochen quitta immédiatement la salle sous le regard suspicieux des prédicatrices en verve. Rien à changer...
Comment arrive t-on à publier des chiffres aussi effarants que tous les médias reprennent en coeur ? On ne reprend pas les chiffres de la police et de la gendarmerie, moins encore les statistiques du ministère de la Justice puisque l'on sait depuis belle lurette qu'il y a ce qu'on appelle un "chiffre noir" de la délinquance. Tout le monde ne porte pas plainte, effectivement. Alors, les sociologues ont inventé un bel outil très à la mode actuellement: les enquêtes de victimation. C'est ainsi que l'on interroge, en général au téléphone, des milliers de personnes à qui l'on pose des questions simples dépourvues de connotations juridiques du genre "Dans les douze derniers mois, avez-vous eu des relations sexuelles non consenties" et à chaque réponse positive, l'enquêteur enregistre un viol puis extrapole sur l'ensemble de la population. C'est ainsi que l'on parvient au chiffre de 75.OOO viols avérés par an et que l'on s'offusque d'une telle barbarie impunie. Un décompte basé non pas sur des faits vérifiés mais uniquement sur un sentiment ou un ressenti. Ainsi une femme qui regrette après coup une relation sexuelle ou qui sera déçue, qui en a gardé un mauvais souvenir, qui pense qu'elle n'aurait pas du ou qui depuis s'est fâché avec son partenaire ou même tout bêtement qui aurait préféré ce soit là sortir entre copine plutôt que de s'amuser sous la couette affirmera, sans mentir, au regard de son "ressenti" qu'elle a subi une relation sexuelle non désirée. Mais, est-ce un viol ? Dans la nouvelle comptabilité que l'on nous affiche, la réponse est Oui. Et c'est ainsi que les organisations féministes commentent les chiffres "La plupart du temps aucune qualification pénale n'est retenue pour ces abus, ces viols commis par des personnes connues de la victime". Bien évidemment puisque dans ces cas là, le crime n'est pas constitué et l'auteur supposé est connu puisque la femme a entretenu avec lui une relation sentimentale qui s'est mal terminée.Va t'on instaurer un nouveau crime pour condamner une relation sexuelle décevante ?
Alors bien sûr, je ne le conteste pas, certaines victimes réelles ne déposent pas de plainte. Par honte ou par peur. Il faut agir pour que les victimes dénoncent leurs agresseurs. Mais, l'on trouve aussi des plaintes pour le moins abusives. Quelque unes en tout cas. Et ces plaintes demeurent dans les statistiques. Je pense à cette femme accusant un homme de tentative de viol en affirmant uniquement "J'ai vu dans ses yeux qu'il allait me violer". Je n'invente rien. Je pense à ce dossier actuellement suivi par un juge d'instruction où une jeune femme a déposé plainte contre son oncle pour viol car elle a rêvé la scène à plusieurs reprises mais reconnaît n'avoir aucun souvenir d'avoir réellement vécu cette agression. Je me rappelle de ce retraité emprisonné pour être soupçonné d'avoir violé à de multiples reprises une très jeune fille alors que les expertises confirmeront que l'homme était totalement impuissant. Et plein de dossiers où l'on voit une femme ayant trompé son conjoint affirmer que ce partenaire d'un soir l'a contrainte et dépose donc une plainte pour viol pour sauver son couple.
Une fois encore, il n'y a aucun déni de la part. Le viol est un crime qui doit être puni. Aucune complaisance n'est admissible. Mais, méfions-nous de ces fausses statistiques ahurissantes qui pourraient faire croire que le viol est un crime quotidien et impuni dans un pays où tout homme est un violeur potentiel. De tels excès desservent une cause juste.